Vernissage à la Margirondière – Juin 2019

Mesdames, Messieurs,

Je suis émue et très heureuse de vivre, avec vous, aujourd’hui, cet événement exceptionnel : un Chantier d’Insertion vous invite à un vernissage ! un chantier d’Insertion vous propose une immersion au cœur d’une œuvre artistique ! Quel toupet, quand même ! quelle audace mais quel bonheur et quelle fierté !

Et donc aujourd’hui, je vais essayer de parler d’une œuvre plutôt que de parcours d’insertion. Et pour parler de cette œuvre, j’ai retenu quelques mots ou expressions qui parlent au mieux, me semble-t-il, du travail réalisé.

Pour commencer, évoquons le lieu où nous sommes rassemblés :

Ce lieu, La Margirondière, ne semble pas vraiment connu, il faut un bon GPS pour y parvenir ! Ce coin de verdure au bord du lac du Verdon n’est sans doute connu que des pêcheurs, des promeneurs, de quelques familles de ragondins … mais aussi bien sûr des personnes qui ont en charge l’entretien du lac du Verdon.

Un lieu magique … où l’eau avance et recule au gré des saisons, où l’on se perd dans une végétation, si ce n’est luxuriante, au moins labyrinthique …

Un lieu où, en ce printemps humide la végétation pousse bien vite et impose son rythme aux créateurs que sont devenus 8 salariés en parcours d’insertion et Gilles Bruni, l’artiste en installations paysagères en Résidence à l’Eclaircie depuis septembre 2018.

Un lieu qui s’est imposé pour l’installation de l’œuvre dès le mois de février et que nos artistes ont pu investir avec l’accord de l’Agglomération du Choletais.

Dans un deuxième temps, il me semble que le mot rencontre est sans aucun doute le cœur de ce projet.

La première rencontre est la rencontre entre un projet associatif et un projet d’insertion. L’association dit haut et fort depuis longtemps que, si sa mission première est bien de permettre aux salariés en parcours d’insertion de faire un bout de chemin vers l’emploi, il n’en reste pas moins qu’elle est convaincue qu’il n’y a pas de retour à l’emploi durable sans réel accès à la citoyenneté. Et l’accès à la citoyenneté passe par l’accès pour tous à toute forme de culture. Le projet d’insertion de l’Eclaircie traduit cette conviction, … ce principe sur le terrain.

Deuxième rencontre celle entre l’artiste Gilles Bruni et l’équipe des salariés permanents. Peut-on dire que toute l’équipe ait immédiatement compris la démarche artistique de Gilles ? Je n’en suis pas sûre ! Mais Guillaume, l’encadrant qui porte plus particulièrement le projet culturel de l’Eclaircie, a vu son travail, a discuté avec lui … sans doute de leur vision différente du « Land-Art », et de bien d’autres choses encore … Rencontre il y a eu ! Elle ne pouvait aboutir qu’à l’œuvre que l’on vient voir aujourd’hui car Guillaume et Gilles, sans oublier Patrick, notre directeur, ont su mobiliser les énergies pour que cette œuvre s’accomplisse.

Si le courant est passé très vite entre Gilles et les salariés, qu’ils soient permanents ou en parcours d’insertion, il a fallu laisser le temps nécessaire pour s’apprivoiser, se comprendre, s’apprécier, se respecter … C’est en partie le temps de l’Itinérance de Gilles, de chantier en chantier avec les équipes, sur le terrain, appareil photo en bandoulière.

Tout au long de sa Résidence, Gilles n’a pas imposé sa vision d’une œuvre artistique à des salariés simples opérateurs ou exécutants. Non, il a accompagné les salariés dans la création collective d’une œuvre, a suggéré là un regard de côté, là une place plus grande à l’imaginaire, là un respect plus affirmé de la nature malgré, parfois, les exubérances de celles-ci. C’est sa façon de travailler … avec les autres … toujours.

Ce projet a permis des rencontres avec « le monde extérieur à l’Eclaircie » mais pour autant intégrés au projet global :

  • Des étudiants et leurs professeurs de l’Ecole d’Arts du Choletais
  • Des élèves de Seconde du lycée Europe et leurs professeurs
  • Des étudiants en BTS Communication à l’ESUPEC
  • Michel, qui a croqué sous forme de BD, la première partie du projet intitulée Itinérance
  • Cécile qui a laissé trainer les micros de la webradio Chaosmatic au milieu de toute cette effervescence créative

 

Je retiendrais aussi ce que j’ai appelé la rencontre d’histoires différentes au sein du groupe des artistes créateurs du site que vous venez de découvrir.

Quand ils parlent de cette expérience,

  • ils parlent du rôle de « directeur artistique » de Gilles et acceptent tout à fait qu’il ait ce rôle.
  • Ils disent comment ils ont construit un groupe, un collectif dans le respect des uns et des autres … un groupe où chacun a sa place, peut développer son idée, son projet et peut poursuivre le travail de l’autre car l’œuvre artistique est l’objectif commun.
  • Ils disent comment ils ont appris à poser ce « regard de côté » sur les choses, regard que leur suggérait Gilles.
  • Ils disent comment l’imaginaire des uns développe l’imaginaire des autres.
  • Ils disent leur bonheur du temps passé à tailler, débroussailler, déplacer des ronces, créer un jardin éphémère ou pas, faire et refaire les cheminements quand l’herbe pousse et repousse quand il pleut, tresser ou plesser des branches, déplacer des rondins et construire lits, bancs ou observatoires qui permettront de guider le regard du visiteur sur ce qu’ils ont choisi de vous montrer.

Ils disent leur bonheur du sens donné au travail réalisé.

Construire un groupe, un collectif. Accepter que l’autre puisse aussi avoir raison même si sa vision n’est pas la même. Accepter l’autorité d’un « directeur artistique » dans le travail quotidien. S’habituer au « regard de côté ».

Des Savoir-Être et des Savoir-Faire – peut-être même des compétences – utiles dans le monde de l’entreprise. N’en déplaise à ceux qui oseraient penser qu’un projet Culturel n’a pas sa place dans un Chantier d’Insertion ! Ces paroles de salariés nous montrent que nous sommes là au cœur de notre mission !

Pour terminer je voudrais évoquer une notion chère à l’Eclaircie, notion que j’ai appelé le mélange des cultures. L’Eclaircie accueille de nombreux réfugiés en parcours d’insertion (environ 50%) du public.

Et nos artistes, vous avez dû le remarquer lors de votre visite, ont :

  • Construit un enclos à bouc,
  • Tressé des paniers qui, posés à l’envers sur le sol, évoquent les paniers dans lesquels les grands explorateurs de jadis transportaient, sur leurs voiliers, les nouvelles plantes qui allaient constituer nos jardins d’aujourd’hui.
  • Tracé les contours d’un jardin dans lequel les fleurs locales ont été replantées sous forme de plates-bandes …
  • Tressé les rejets d’un saule pour en faire un œuf … qui se transforme très vite en gratte-ciel de Dubaï : le Burj-al-Arab

 

En parlant avec eux, ils m’ont dit qu’à l’expression « mélange des cultures » ils préféraient « métissage des cultures » … C’est beau et magnifique !

Soyez tous, artistes, salariés, partenaires, … fiers et heureux du travail réalisé ici !

Un merci particulier à nos partenaires !

Si, un tel projet a pu prendre cette ampleur (plus de 1 000h de travail), c’est bien parce que nous étions soutenus financièrement sur ce projet par l’Agglomération du Choletais et par la Région Pays de La Loire dans le cadre de ses actions culturelles. Un grand merci à vous !

Si pour monter un tel projet un financement est nécessaire, il n’aurait cependant pas vu le jour sans la participation bénévole d’autres acteurs du territoire : ceux qui ont en charge l’entretien du Verdon, le Jardin de Verre, la web-radio Chaosmatic, l’Ecole d’Arts du Choletais, le lycée Europe, l’ESUPEC, Michel Humbert, …

Et je voudrais, en particulier, dire un grand merci à Gilles. Il a fait à l’Eclaircie, comme partout ailleurs sans doute, un travail exceptionnel. Il a su devenir à la fois transparent et indispensable, acteur parmi d’autres et guide unique, … Sans lui, rien de ce qui a été fait n’aurait pu l’être ! Un grand merci à toi !

 

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